// Vernissage le 28 Février 2014 à la galerie Catherine Issert / Saint Paul de Vence
– 1ère exposition personnelle de Mathieu Schmitt à la galerie Catherine Issert, St Paul de Vence.
Faute de frappe dans le titre d’un article paru dans le New Scientist, « Lmy, My, My Delilah » fait référence à la fois à la célèbre chanson de Tom Jones « My, my, my Delilah » et au système avancé de discours sécurisé inventé par Alan Turing en 1943, DELILAH. Cette « coquille » rend certes le clin d’œil musical laborieux, mais génère dans le même temps une séquence rappelant le système de fonctionnement de la machine de Turing elle-même. Un hasard, une erreur de rien du tout. Sauf que…
Mathieu Schmitt construit une pratique pluridisciplinaire dans laquelle l’interprétation des signaux (informatiques, électriques, radios, …) dans leur fonctionnalité leur potentialité et leur faillibilité jouent un rôle majeur. Au travers d’œuvres comme Glitched, 35 Hard Drive Speakers Playing The Voice Record Of Their Own Title Expanded To The Lenght Of The Exhibition, Cadavres exquis, Selfconsciousness et Oui Ja, il explore la dysfonction et le détournement du signal virtuel.
Ici, Heinz Von Foerster, père de la cybernétique, dialogue avec Merleau-Ponty, père de la phénoménologie. Car Mathieu Schmitt actualise notre environnement sensible en y incluant l’intelligence artificielle, qu’il traite comme un phénomène à part entière et non pas uniquement comme un système mathématique.
Dans une vision trans historique, Mathieu Schmitt joue également avec les codes de l’art, du design et de l’architecture, en réinterprétant notamment le minimalisme, l’abstraction et l’art conceptuel. Les références sont ici des signes plastiques que l’artiste combine pour obtenir des méta-œuvres : Armleder rencontre Duchamp qui dialogue avec Morellet qui questionne Le Corbusier, etc … Cela s’exprime au travers d’œuvres comme Sport-Elec Architectures, Intérieurs froissés, Unpacked LC2, Topless !, Escape From Morellet ou bien encore Composition Fonctionnelle.
Mathieu Schmitt semblerait donc percevoir son environnement créatif comme 1 algorithme, une suite finie d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème : il n’en est rien. Car l’artiste aime gripper sa propre machine : en introduisant l’erreur, le bug, le glitch de manière volontaire dans son processus créatif, il produit des œuvres dans lesquelles il laisse place à la poésie, au mystère et à l’esthétique, un univers « para et post humain ».
Pauline THYSS